Le Maroc doit-il faire confiance à la position des Etats-Unis sur le Sahara ?, par Noureddine Miftah

Le Maroc doit-il faire confiance à la position des Etats-Unis sur le Sahara ?, par Noureddine Miftah

Tous ceux qui, dans cette crise entre le Secrétaire général des Nations Unies et le Maroc, ont accueilli avec satisfaction la réaction américaine devraient prendre garde en se gardant de faire montre de trop d’assurance, de confiance et de sérénité.

Certes, la Maison Blanche a publié un communiqué marquant son attachement  à une solution pacifique et consensuelle entre les différentes parties du conflit du Sahara… Certes aussi, le représentant permanent des Etats-Unis au Conseil de Sécurité a twitté sur le réalisme et le sérieux du plan d’autonomie soumis par Rabat, suivi en cela par l’ambassadeur américain au Maroc… Et certes, enfin, le Secrétaire d’Etat américain John Kerry a eu une conversation téléphonique avec le roi du Maroc, lui réaffirmant que son pays s’en tient aux décisions prises lors du Sommet Mohammed VI-Obama en novembre 2013…

Mais toutes ces réactions de soutien dans un contexte sensible revêtent d’autres significations et comportent d’autres lectures qu’il ne faut pas ignorer. Détourner le regard d’un problème ne veut pas dire que ce problème n’existe pas, ou plus. En effet, en parallèle à ces points positifs soulignés plus haut, nous avons vu aussi le soutien des USA à l’Envoyé spécial de Ban Ki-moon, Christopher Ross, et à la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso).

Ce faisant, Washington a su couper la poire en deux et écrire ce qui conviendrait à toutes les parties en confrontation, chacune trouvant et lisant ce qui l’arrange.

Et si, donc, les Etats-Unis n’ont pas marqué leur appui solennel et direct à Ban Ki-moon – ce qui l’a mécontenté -, elle a en revanche soutenu son Envoyé spécial, s’inscrivant donc dans la ligne du chef de file d’un plan particulièrement


dangereux pour et dans la région, consistant entre autres à créer une sorte de « Commonwealth » au Sahara, qui ne relèverait donc plus de Rabat ni par le timbre ni par le drapeau. En d’autres termes, appelant à son indépendance… Par ailleurs, quand Washington affirme son soutien à la Minurso, au moment où le Maroc a expulsé 84 personnels de cette Mission, cela indique en creux que les Etats-Unis n’entérinent pas la décision de Rabat.

Mais supposons que ces lectures ne soient pas tout à fait exactes, on peut quand même penser que Ban Ki-moon n’aurait pas fait ce qu’il a fait s’il ne se savait abrité sous un gros parapluie, ce qui semble clair… Et souvenons-nous que quand le Maroc avait retiré sa confiance à Christopher Ross, les Américains avaient insisté pour son maintien, ce qui avait signifié un net désaveu, voire une humiliation publique, pour le Maroc. Et c’était toujours Washington qui avait pris l’initiative d’élargir les attributions de la Minurso aux questions des droits de l’Homme, avant de faire marche arrière suite à l’intervention du roi Mohammed VI. Et, enfin, ce sont toujours les Etats-Unis qui avaient été derrière le Plan Baker, lequel nous aurait conduits, si nous l’avions accepté, à créer une république au Sahara avant de l’offrir à Mohamed Abdelaziz.

Ce sont cela, les Etats-Unis, donc, un pays avec lequel nous devrions agir avec circonspection, vigilance et même méfiance, un pays qui défend ses intérêts et non ses amitiés. A preuve, s’ils voulaient mettre un terme à ce conflit, ils auraient imposé au Conseil de Sécurité le plan d’autonomie marocain, qu’ils disent soutenir.

Nous formons le vœu d’être démentis par les futures évolutions de la question de notre intégrité territoriale, et n’oublions pas l’adage qui veut que « prudence est mère de sûreté ».

Alayam24.com

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