Tayeb Seddiki, ce géant de la culture marocaine, est mort

Tayeb Seddiki, ce géant de la culture marocaine, est mort

Le dramaturge prodige de la scène culturelle marocaine, Tayeb Seddiki, est mort ce vendredi 5 février, à l’âge de 77 ans, des suites d’une longue maladie. Il aura marqué son temps par son charisme, sa créativité et son panache. La culture marocaine perd un de ses grands.

Feu Tayed Seddiki a adapté 36 pièces étrangères et écrit une trentaine de pièces théâtrales, en plus d’avoir mis en scène 85 pièces. Directeur général du Théâtre municipal de Casablanca de 1964 à 1977, il est le père spirituel des deux grands groupes mythiques de la musique marocaine, en l’occurrence Nass el Ghiwane et Jil Jilala. Comme acteur de cinéma, il est apparu dans une dizaine de films marocains ou étrangers. Également comédien de théâtre, il a joué dans une cinquantaine de pièces.

Il a composé, entre autres, le Diwan de Sidi Abderrahman al Mejdoub, Le Livre des déclarations et du plaisir partagé, Molière, ou Pour l’amour de l’humanité(En français), Un incident technique indépendant de notre volonté (En français), Soultane Attalaba

Né en 1939 à Eassouira dans une famille d’érudits, le défunt avait obtenu son baccalauréat à Casablanca avant de partir pour la France où il avait suivi des études d’art dramatique. Il était revenu au pays pour se mettre au service de la culture et du théâtre plus précisément. Innovateur et...

« touche-à-tout », il a bâti une œuvre riche et diversifiée. Amoureux de la poésie, il a eu le mérite de remettre au goût du jour, dans les années 60, des textes littéraires arabes comme les maqamattes de Badii Azzamane Al Hamadani.

Doté d’un fin sens de l’humour, il était connu et très apprécié pour sa spontanéité et la drôlesse de ses réactions. Une anecdote circule à son sujet, avec le roi Hassan II… Un jour qu’il avait fait part de son intention de se présenter aux élections parlementaires, le roi défunt lui demande la raison de cette décision.

- Pour ne voter qu’un seul article d’une seule loi, Sire

- Et quelle est cette loi, a Seddiki ?

- La loi de Finances, Votre Majesté, et l’article concerne le budget du palais royal…

- Ah… Et quel serait ton vote alors, à cet article ?

- « Je voterai non, Votre Majesté », et avant que le souverain ne réagisse et n’attire toutes les foudres du monde sur le comédien, celui-ci ajoute précipitamment : « Parfaitement, Majesté, j’aurais dit non, le budget dévolu au palais n’est absolument pas suffisant pour permettre au roi d’assurer toutes les fonctions et attributions qui sont les siennes ».

Que voulait-il dire, alors que le roi défunt riait aux éclats ? Il a emporté sa pensée dans la tombe. Adieu l’artiste.

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