Réforme de l’orthographe française. Et au Maroc ?

Réforme de l’orthographe française. Et au Maroc ?

Dur, dur de changer les fondamentaux d’une langue, surtout aussi riche, complexe et belle que la langue française. Il aura fallu attendre un bon quart de siècle avant que la réforme de l’orthographe du français, édictée en 1990  par le Conseil supérieur de la langue française et validée ensuite par l’Académie française, entre en application… mais à titre facultatif. 2.400 mots sont concernés par ce qui est davantage une simplification qu’une refonte de l’orthographe.

C'est en 1989 que le premier ministre Michel Rocard avait mis sur pied le Conseil supérieur de la langue française (CSLF), composé de ressortissants français, québécois, belges, suisses et marocains, selon le Figaro, qui précise qu' "un an plus tard, le CSLF -liquidé en 2006- rend ses conclusions qui reçoivent un avis favorable de l'Académie française et de ses homologues québécois et belges. Le Journal officiel publie les modifications dans sa partie administrative… qui n'a aucune valeur contraignante. Ce que rappellera l'Académie française face à la levée de boucliers suscitée par la réforme qui sera enterrée".

 

Cette réforme porte essentiellement sur les accents circonflexes, qui seront retirés des mots où ils ne sont pas véritablement nécessaires, comme « paraître » et « entraîner », ou encore « coût ». Les tirets seront également supprimés pour plus de simplicité, comme dans « week-end », « mille-pattes » ou « porte-monnaie ». Enfin, des mots seront écrits selon leur phonétique, à l’exemple d’ « oignon » qui deviendra « ognon » ou « nénuphar » qui s’écrira « nénufar ».

Cela étant, cette petite révolution de l'orthographe française n'a pas été acceptée, depuis 1990, par le monde du travail et de l'entreprise. Les 2.400 mots concernés par cette réforme, soit 4% environ, pourraient, donc, être considérés comme des fautes par les futurs employeurs bien que les deux orthographes soient acceptées.

Interrogée à ce sujet, la ministre de l’Education nationale Najat Vallaud-Belkacem a indiqué que les...

deux orthographes, l’ancienne et la nouvelle, pourront continuer à être utilisées. Pour elle, « les éditeurs scolaires qui sont en train de travailler sur les nouveaux programmes de la scolarité obligatoire ont décidé de reprendre ces règles qui ont été édictées tour à tour par le Conseil supérieur de la langue française et l’Académie française ». Et de fait, les manuels d'orthographe et de grammaire porteront donc, à la rentrée, un macaron portant la mention "Nouvelle orthographe". Mais comme seulement 45% des Français maîtrisent les règles orthographiques en 2015, la question sera posée pour les élèves qui devront apprendre à orthographier de deux manières différentes le même mot ? Les enseignants et les parents sont, pour leur part, réticents face à cette question.

Au Maroc, on l’on s’achemine vers une réintroduction du français dans l’enseignement national, le problème pourrait être posé. Mais cela pourrait attendre car, 1/ seules des matières scientifiques sont concernées par cette francisation qui a récemment fait polémique, et dans les deux dernières années du secondaire seulement, et, 2/, les deux orthographes pouvant être toutes deux encore utilisées, rien ne presse.

Ce débat sur la nouvelle orthographe française pourrait lancer un autre, chez nous, au Maroc : la simplification de la langue arabe. Rappelons que le Pr Abdallah Laroui, lors de sa fameuse rencontre télévisée sur 2M voici deux ans avec Noureddine Ayouch, le chantre de la darija, avait suggéré l’idée d’une simplification de l’arabe, par la suppression, par exemple, de la forme duelle (al mouthanna) de l’arabe classique. Autorité intellectuelle incontestée, la proposition de Laroui pourrait trouver son chemin dans un débat sur la langue arabe, mais ce qui manque à cette langue est un organisme qui s’impose dans ce type de questions, à l’image de l’académie française pour le français.

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