« Dernier avertissement » aux hommes coupables de violences conjugales… des chiffres effarants !

« Dernier avertissement » aux hommes coupables de violences conjugales… des chiffres effarants !

Le Maroc a lancé mercredi 25 novembre la 13ème campagne nationale de sensibilisation pour combattre les violences faites aux femmes. C’est la ministre de la solidarité, de la femme, de la famille et du développement social Bassima Hakkaoui qui l’a annoncé en grande pompe, dévoilant le slogan de cette campagne, qui adresse « un dernier avertissement » aux hommes qui violentent (et violent) leurs femmes. Les chiffres de ces violences sont à la limite du scandale…

Avant, le slogan d’une précédente campagne était « accepterais-tu d’être une fripouille » (traduction approximative du terme « chmata ») ? Mais il semblerait que puisque les actes de violence conjugale se poursuivent, la réponse est oui. Alors le ministère passe à la vitesse supérieure, basculant du conseil à la mise en garde sévère, avec ce nouveau slogan : « Dernier avertissement … le coupable sera sanctionné ». La prochaine étape sera donc la sanction…

Pourquoi dernier avertissement ? Parce que la loi sur la lutte contre la violence faite aux femmes est annoncée pour les prochaines semaines, après qu’elle ait été enterrée dans les sombres tiroirs du ministère depuis 2013. Cette année-là, Bassima Hakkaoui avait soumis un projet de loi pour sanctionner les maris violents, mais elle avait été priée de revoir sa copie suite aux réserves émises par nombre de ministres, dont celui de la Justice Mustapha Ramid, l’homme qui entrevoit de faire bénéficier des circonstances atténuantes les crimes d’honneur…

Il sera très difficile de faire passer ce projet de texte car non seulement le gouvernement actuel est conservateur et représente les larges franges de la population qui sont elles aussi conservatrices, mais la société elle-même est patriarcale et rechigne à donner leurs droits aux femmes, ainsi qu’on l’a pu voir lors de la discussion sur l’égalité en héritage.

Il faut dire que l’affaire n’est pas gagnée en matière de justice puisque le tribunal de Larache vient de juger...

et condamner un homme qui a tailladé le corps de son épouse au couteau fin pour la simple raison qu’elle a osé demander le divorce… Verdict : 30 mois de prison, et 100.000 DH de dommages-intérêts. Il manquait tout de même les félicitations des juges… En effet, vu les dégâts physiques et psychiques infligés à la jeune épouse, la famille de cette dernière a eu raison d’estimer le jugement trop clément.

Les violences conjugales en chiffres :

Selon une enquête du HCP réalisée en 2009 – et rien n’indique que les choses se soient améliorées dans l’intervalle – sur les violences à l’encontre des femmes âgées de 18 à 64 ans, près de 6 millions de Marocaines ont subi à un moment ou à un autre de leur vie un acte de violence, notamment psychologique (4,6 millions de femmes), physique (3,4 millions), sexuelle (2,1 millions), attentatoire à leur liberté (3 millions) et, enfin, économique (178.000).

Une autre étude, menée par le ministère de la santé, montre que sur une population de femmes prises en charge par les services publics, ce sont les femmes mariées qui sont le plus exposées aux coups. Un chiffre, approximatif, est assez éloquent : plus de 40% des femmes mariées sont viol(ent)ées par leurs époux, principalement lors des premières années de mariage. 56,3% des femmes victimes de violences conjugales ne travaillent pas, raisons économiques obligent…

Enfin, les violences conjugales sont à 97% des cas le fait des hommes, ce qui signifie, même dans une infime partie, qu’il existe une forme de violence conjugale inversée. Mais dans l’un et l’autre cs, les tabous sociaux et les contraintes familiales empêchent les conjoints victimes de brutalités d’aller en justice, ce qui signifie que les chiffres mentionnés, fondés sur des témoignages ou des plaintes, sont encore bien en-deçà de la réalité.

 

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