Message aussi fort qu'inattendu de Mohammed VI à la 50ème commémoration de la disparition de Ben Barka

Message aussi fort qu'inattendu de Mohammed VI à la 50ème commémoration de la disparition de Ben Barka

Le 29 octobre 1965 disparaissait à Paris le leader de la gauche marocaine, et mondiale, Mehdi Ben Barka. On avait accusé le système Hassan II et les services de la 5ème République d’avoir fomenté le complot, en plus de quelques autres officines barbouzes. 50 ans après, on commémore cet événement, et c’est le fils d’Hassan II qui retient l’attention par un message inattendu, lu par l’ancien premier ministre et camarade de Ban Barka, Abderrahmane el Youssoufi.

Cela se passait à la Bibliothèque nationale (BNRM), devant une assistance d’environ 3.000 personnes, dont des personnalités étrangères comme Lakhdar Ibrahimi, ancien chef de la diplomatie algérienne et diplomate international de renom. La cérémonie était dirigée par l’ancien premier ministre, mais aussi par Fathallah Oualalou et Omar Azziman, et c’est el Youssoufi qui a lu la lettre de Mohammed VI. La rencontre s'est déroulée sous le thème « la place du martyr Mehdi Ben Barka dans l'histoire contemporaine ».

Et le roi a confirmé cette place… « Ben Barka est entré dans l'Histoire, sachant il n'y a pas une mauvaise Histoire ou une bonne Histoire. Il n'y a que l'Histoire en tant que telle, c'est-à-dire la mémoire de tout un peuple ». Le message est truffé d’allusions sur les « nombreuses questions restées sans réponse », qui ont laissé les participants … sans voix. Mohammed VI affirme que Mehdi Ben Barka, qui était le professeur de mathématiques du jeune prince Moulay Hassan  et futur roi Hassan II, était « un homme de paix, et qu'il était proche de la famille royale », ce qui est vrai puisque les contacts étaient très fréquents entre Hassan II et celui qu’on proposait comme le principal opposant du roi. La contradiction a été relevée par Mohammed VI : « On doit rappeler ici que la période postindépendance a été chargée de tumultes et de luttes en...

tous genres concernant la voie que le Maroc indépendant devait emprunter à l'époque ».

Mais, ajoute Mohammed VI, dans une phrase faisant en quelque sorte table rase du passé – ou presque –, « nous ne sommes pas là pour émettre des jugements sur les positions adoptées par l'une ou l'autre partie », c’est-à-dire par Ben Barka et Hassan II.

C’est pour tout cela, dans le dit et le non-dit,  que le roi a affirmé vouloir « partager avec vous cet événement, sans inhibition ni complexe par rapport à cette affaire, et en témoignage de l'estime dont il jouit auprès de Nous et des Marocains », et qu’il a laissé entendre qu’ainsi est faite l’Histoire des hommes, avec des grands moments et d’autres, moins reluisants….

L’objectif recherché est donc le suivant : « Le plus important est de s'attacher à ce que tous les Marocains puissent s'approprier leur histoire, avec ses succès et ses revers, pour vivre leur présent dans un climat sûr et stable et s'atteler en toute confiance et avec beaucoup d'optimisme et d'espérance à l'édification d'un avenir meilleur ».

« S’approprier leur histoire » ne signifie-t-il pas que la lumière doit être préalablement faite sur cette phase du passé du pays ? Il ne serait pas étonnant qu des révélations puissent être faites à présent sur la disparition de Ben Barka, le roi Mohammed VI étant coutumier de coups d’éclat du genre. On l’espère, afin que le défunt ait une sépulture, que sa famille puisse enfin faire son deuil, et que les Marocains tournent la page.

Il reste deux faits à relever : la lecture du message par el Youssoufi, en toute simplicité, sans le décorum habituel qu’on sait, et sa non retranscription par la MAP, du moins jusqu’à samedi matin… On jugera comme on voudra…

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