La Catalogne marche vers l’indépendance

La Catalogne marche vers l’indépendance

Dimanche 27 septembre. La Catalogne vote. Elle a voté. Portée par le charisme du président sortant de l’exécutif catalan Artur Mas, elle s’est exprimée nettement pour l’indépendance, les partis séparatistes ayant obtenu la majorité des sièges au parlement régional, bien qu’ils n’aient pas eu la majorité des suffrages. Le taux de participation a été exceptionnel, montrant l’enjeu de l’élection : 78% des Catalans se sont dirigés vers les bureaux de vote.

La liste « Junts pel Si » (« Ensemble pour le oui ») obtient ainsi 62 sièges et le parti de gauche CUP, également sécessionniste, dix sièges. Le parlement comprend au total 135 sièges, soit une majorité absolue de 68. Les séparatistes ont eu 72 sièges. Les partis traditionnels, le parti populaire et le parti socialiste ont perdu des dizaines de milliers de voix sur les 5,5 millions de votants.

Cela étant, le chemin vers l’indépendance, bien qu’il soit désormais balisé, reste long, très long. En effet, selon un sondage publié par le quotidien barcelonais La Vanguardia, il n’y a que 20% des électeurs qui pensent que le mouvement séparatiste obtiendra gain de cause. Il ne vient qu’au 4ème rang des préoccupations des Catalans, après le chômage, le mécontentement politique et la situation économique.

La Catalogne représente le cinquième du PIB espagnol, ce qui explique la farouche opposition de Mariano Rajoy et des partis traditionnels à l’idée de séparatisme.

Cependant, les non-indépendantistes ont obtenu 51,6% des voix. La raison se trouve dans la loi électorale qui donne un avantage aux circonscriptions rurales - où leur poids est plus fort - au détriment des zones urbaines, davantage peuplées de gens nés dans le reste de l’Espagne et rétifs à la séparation. « Artur Mas a échoué dans sa stratégie sécessionniste », a affirmé le gouvernement central de Mariano Rajoy. « Ils ont perdu ce qu’ils présentaient comme un plébiscite », a renchéri la leader socialiste Pedro Sanchez. Mais Artur Mas...

réplique : « Nous n’allons pas faiblir; nous continuerons à aller de l’avant. Le peuple catalan nous a accordé une victoire qui nous autorise à avancer vers le transfert de souveraineté des institutions espagnoles vers des institutions catalanes (justice, fisc, ambassades…) »…

Prochaine étape ?

Que vont faire maintenant les séparatistes ? Préparer le terrain pour que, dans 18 mois, au printemps 2017, un référendum d’autodétermination définitif puisse être organisé, sur le modèle de celui qui s’est tenu en Ecosse. Si le « oui » l’emporte, cela devra alors déboucher sur une proclamation d’indépendance unilatérale de la part du Parlement autonome de Catalogne.

Madrid pourrait alors s’opposer à l’autonomie catalane, comme la loi l’y autorise. Mais, pour être plus réaliste, Mariano Rajoy et Artur Mas pourrait s’entendre sur une solution négociée, pouvant passer par le maintien de la Catalogne dans le giron espagnol en échange des pleines prérogatives fiscales. En effet, les recettes fiscales de la province, dont une partie est redistribuée par Madrid vers des régions plus pauvres par le pouvoir central, augmenteraient de 12 milliards d'euros en cas de sécession, affirment les indépendantistes

Et le Barça ?...

Il y a toutefois un problème auquel les Catalans réfléchiront à deux fois avant de continuer leur chemin. Le président de la Ligue professionnelle de football espagnole Javier Tebas a expliqué quelques jours avant l’élection que le FC Barcelone pourrait être exclu du Championnat en cas de sécession de la Catalogne. « La Loi du sport est très claire: les seuls compétiteurs non-espagnols qui puissent jouer dans le championnat espagnol sont les clubs andorrans. S'il n'y a pas de négociation bilatérale, il est impossible que (les clubs catalans) puissent jouer en Liga. (...) Ce serait une Liga sans les équipes catalanes, mais pas seulement en football, en Liga ACB (basket), en Liga Asobal (handball). Les équipes catalanes ne pourraient disputer aucune compétition en Espagne, du moins dans ce qui resterait de l'Espagne », a-t-il précisé.

Commentaires