Des ténors politiques (crédibles) réclament la liberté de parole pour les défenseurs de l’abstention
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- 27 août 2015 --
- Maroc
Les appels à l’abstention, ou au boycott pour être plus clair, sont proscrits au Maroc. Mais il n’existe pas de texte de loi qui le dit explicitement. La coutume, l’habitude et la mauvaise humeur des autorités, voilà tout. Dimanche dernier, des militants du parti non parlementaire Annahj Dimocrati ont marché dans la rue pour appeler les gens à ne pas manifester. Ils se sont retrouvés face à la mauvaise humeur des autorités…
… lesquelles autorités ont argué que la manifestation n’était pas autorisée et que « cela ne s’est pas fait dans la violence ». A malin, malin et demi, donc, puisque les gens d’Annahj ont expliqué qu’ils ont exprimé leur opinion au sujet de ce scrutin, qu’ils appellent à boycotter.
La militante des droits de l’Homme Khadija Rouissi, par ailleurs députée à la Chambre des représentants et candidate à la Région de Rabat, a encore une fois nagé à contresens, publiant sur son mur le propos suivant : « Il est inadmissible que des militants qui appellent au boycott des élections soient violentés. Si appeler à voter est un droit absolu, appeler à boycotter...
est un droit absolu également ». Exact.
La prise de position de Khadija Rouissi a été appréciée par plusieurs dizaines de personnes, parmi les plus actives sur le réseau social, et on peut penser qu’elle est partagée par bien plus de personnes…
…dont Hassan Tariq, député socialiste qui a lui aussi rédigé sur sa page Facebook : « Je ne suis pas un abstentionniste ni n’appelle au boycott des élections. Je suis convaincu de la nécessité de participer à la consultation électorale, mais cela ne m’empêche pas de condamner les différentes prises à partie de ceux qui ne partagent pas cette opinion et recommandent de ne pas aller voter. L’appel au boycott est un droit, par principe, et rien dans la loi ne l’interdit. Il est une position politique. Et à l’occasion, j’ajouterai qu’il existe tant de personnes dans ce pays qui pervertissent l’opération électorale et à l’encontre desquels l’Etat devrait se montrer plus vigilant, au lieu de s’en prendre à des gens qui expriment leurs opinions ».
Et, là aussi, Hassan Tariq a été suivi par près de 400 personnes, dont des politiques d’autres partis.
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