Le RNI fait son entrée réelle dans le monde virtuel… élection oblige

Le RNI fait son entrée réelle dans le monde virtuel… élection oblige

Les élections approchent à grands pas et les partis s’évertuent à ne pas manquer ce rendez-vous, chacun avec ses moyens. Le PJD est actif depuis 2011, l’USFP se scinde, le PAM dézingue, l’Istiqlal voit son chef Chabat s’énerver plus et plus fort contre le gouvernement, le MP laisse une agence com faire sa com, et le RNI fait son entrée dans le monde virtuel, jurant que cela n’a rien à voir avec les élections. C’est son président, et par ailleurs chef de la diplomatie, Salaheddine Mezouar qui en fait l’annonce.

Lors de la conférence de presse tenue ce mardi 4 août à Casablanca, Mezouar était accompagné par les grands responsables du parti dans la capitale économique, mais aussi des discrètes et efficaces ministres Fatema Marouane (artisanat) et Mbarka Abouaida (affaires étrangères), et de l’inévitable en pareille période et tumultueux Moncef Belkhayat qui a copieusement parlé de lui à la troisième personne.

L’objet de la conférence est l’annonce du lancement du hashtag #Achbghit_Lbladi, concept générique de l’entrée dans le monde de Twitter décliné sous plusieurs autres entrées comme #Bghit (pour les internautes qui veulent s’informer) ou encore #Wach_Frassek (pour les élus qui veulent informer). Bref, le RNI (Rassemblement national des indépendants) aspire à devenir un RNI, ou réseau numérique incontournable. 

Pourquoi être entré sur Twitter ?

Cette entrée dans la twittoma se fonde sur trois grandes valeurs que Mezouar a dit vouloir être la base de toute action, virtuelle et même réelle : la participation/collaboration, la transparence et l’interactivité en vue d’une meilleure politique de proximité.

Et donc, explique le président du RNI, la communication se faisait avant d’une manière poussive… mais ça, c’était avant, serait-on tenté de dire car, à entendre Mezouar, se mettre en relation, peu ou prou, avec les 17 millions d’internautes marocains nécessite deux choses : 1/ que cette forme de consommation devienne la règle, qu’elle soit institutionnalisée et que l’on rompe définitivement avec la saisonnalité électorale de la communication du RNI et, 2/, que l’on jette définitivement la langue de bois aux orties et qu’on parle un langage vrai, même s’il doit déplaire et/ou qu’il ne réponde pas toujours aux attentes.

Ainsi, les Indépendants se trouvent-ils devant une orientation stratégique, celle de la communication institutionnelle, de la mise en contact des dirigeants, cadres et élus du parti d’un côté, des militants, sympathisants et population de l’autre. Pour cela, une newsroom sera installée au siège du parti (ou ailleurs, peu importe) pour assurer cette communication « glocale » (syncrétisme de global et local) fondée sur des...

thématiques (santé, éducation…). Cette newsroom sera inaugurée le 21 août et les hashtags lancés le lendemain.

Tout cela a un coût, mais le président du RNI, après avoir juré avoir renoncé à la langue de bois, a répondu à une question sur le budget de l’opération numérique dans le plus pur style de… la langue de bois… Evidemment, a-t-il dit en substance, « tout cela devra être évalué et budgétisé, mais si nous prévoyons l’acquisition de matériel, nous comptons beaucoup sur le volontariat de nos jeunes cadres et militants ».

Dans quels objectifs ?

Parvenir à environ un volume de 4.000 fans/abonnés par mois, soit aux alentours de la quarantaine de milliers sur une année, avec une vingtaine de messages par jour. La nouvelle politique de communication numérique du RNI se donne aussi pour but l’identification des compétences au sein du parti ou même en dehors, mais aussi le recrutement de nouveaux adhérents et l’augmentation des effectifs de sympathisants.

Cela devrait donc gonfler le nombre d’adhérents, actuellement estimé entre 40 et 42.000 personnes, sans compter les demandes d’adhésion au stade de l’examen.

Et les autres sujets…

La diplomatie : questionné sur les consuls, Mezouar reprend sa casquette de ministre des Affaires étrangères et indique qu’une réunion des principales administrations concernées se tiendra mercredi 5 août afin d’examiner les suites à donner au discours royal du trône où Mohammed VI avait été particulièrement acerbe contre certains consuls, plus occupés par leurs affaires que préoccupés par celles de leurs administrés. Les consuls, a-t-il expliqué, ont été priés de reporter d’une semaine leurs vacances, le temps sans doute de savoir ce qui se produira dans leurs consulats.

Les élections : de 4.270 élus communaux en 2009, le RNI aspire à plus, bien plus, se préparant à mener campagne pour figurer le 4 septembre prochain au soir parmi les trois premiers partis du pays. Le RNI couvrira environ 20.000 circonscriptions sur 27.000, soit environ 80%, et quasiment autant que le PJD. Pour les candidatures, le RNI œuvrera à mettre en première ligne des jeunes afin d’injecter un nouveau souffle, et du sang neuf, dans ses rangs vieillissants. Moncef Belkhayat est de la partie et, explique-t-il en parlant de « Moncef Belkhayat », il a été adoubé par sa hiérarchie car « Moncef Belkhayat est un ancien ministre et Moncef Belkhayat est un militant, un vrai, du RNI ». Mais Moncef Belkhayat ne semble pas devoir beaucoup rassembler autour de sa personne, à en croire les journalistes et cadres du parti présents à la rencontre…

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