Pourquoi ne manifeste-t-on pas contre les crimes de Daech ?, par Sanaa Elaji

Pourquoi ne manifeste-t-on pas contre les crimes de Daech ?, par Sanaa Elaji

Les massacres ont commencé, et nul ne sait au juste quand ils cesseront. Chaque jour qui passe, nous entendons parler d’un attentat terroriste en Libye, en France, au Danemark, en Irak… l’abjection, bien malheureusement, est encore devant nous. Il existe cependant deux points sur lesquels on pourrait s’arrêter quelques instants.

Le premier est que quand, ces dernières semaines, trois musulmans ont été assassinés aux Etats-Unis, beaucoup de gens ont virulemment exprimé leurs protestations. Il est heureux que nous nous soulevions contre le meurtre, contre le crime. Cependant, je considère personnellement que nos motifs de colère ne sont pas les bons ; les trois jeunes personnes tuées sont des êtres humains, avant d’être musulmans et arabes. Je m’élève contre ce crime au nom de l’humanité, d’abord et avant tout. Il n’est du droit de personne de tuer un individu pour le simple fait de ne pas partager son idéologie ou sa race, et c’est à ce titre que je dénonce la tuerie de Chapel Hill, une tuerie qui a concerné des humains en premier, nonobstant leur appartenance raciale ou confessionnelle.

En second lieu, je ne comprends toujours pas notre opinion sur le terrorisme. Nous autres musulmans nous révoltons quand quelqu’un dessine ou offense notre Prophète, mais nous ne disons rien quand...

on égorge, on brûle ou on démembre les gens au nom de notre religion. Nous nous contentons de dire que ces actes ne relèvent pas de l’islam et qu’il faut éviter les amalgames. Cela est vrai, mais cela est insuffisant. Les immenses manifestations que j’ai vues contre cet ersatz de film ou sur des caricatures, je ne les ai pas vues en revanche contre les crimes abjects commis au nom de l’islam, et pourtant, les seconds sont bien plus offensants pour l’islam que les premiers.

Dans les pays occidentaux où des manifestations sont organisées pour défendre les enfants de Gaza ou de Syrie, par exemple, les gens ne marchent pas pour soutenir les musulmans ou les Arabes, mais parce qu’on tue des êtres humains. Nous autres, musulmans, nous n’exprimons notre colère que lorsque les victimes sont musulmanes et les assassins venant d’une autre religion…. Cela voudrait-il dire qu’une victime non musulmane, occidentale, ne mérite pas notre compassion ?

Il serait bon que nous puissions nous élever au-dessus de nos appartenances communautaires, confessionnelles et raciales. Les crimes abjects et odieux commis aujourd’hui au nom de l’islam est ce qui porte atteinte le plus à notre religion. Si nous ne protestons pas contre ces actes, nous les légitimons en quelque sorte.

MC-Doualiya

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